L'association HTAPFrance a posé la question aux experts du conseil scientifique de l'association, et au centre de référence de l'HTAP, de trancher à propos de la question: peut-on se fier à une contraception hormonale lorsque l'on est sous Tracleer?
Le Dr Irène Frachon, du centre de Brest, nous a donné cette réponse, en association avec le Dr Xavier Jaïs, du centre de référence de l'HTAP Antoine Béclère à Clamart.
Nous les en remercions vivement.

« La question de la contraception lorsque l’on souffre d’une HTAP est difficile mais essentielle à résoudre :
- Sous Tracleer, AUCUNE METHODE HORMONALE N’EST FIABLE qu’il s’agisse de la pilule oestro-progestative (« classique ») ou progestative pure (comme la pilule cerazette), ou qu’il s’agisse d’autres voies d’administration, injectables, trans-dermiques ou implantables. Le Tracleer a une action sur le foie qui DIMINUE la concentration et l’efficacité de toutes les hormones, cela est prouvé par des études scientifiques et malheureusement aussi dans la réalité puisque des cas de grossesse sous pilule ont été observés en association avec le Tracleer.
- Une grossesse sous Tracleer est doublement dangereuse : d'une part, le Tracleer peut être responsable de MALFORMATIONS FŒTALES GRAVES et, d'autre part, l’HTAP est potentiellement UN DANGER pour la mère et l’enfant. Les décès de femmes enceintes ou venant d’accoucher (dans des conditions souvent très difficiles) sont hélas encore observés en France, y compris dans des centres de compétence pour l’HTAP. Parier sur une HTAP « légère » ou « stabilisée » est dangereux et doit être discuté avec les médecins référents pour l’HTAP. La grossesse demande un grand effort supplémentaire au cœur et peut déstabiliser toute HTAP. Bien sûr, ce n’est jamais une règle générale, certaines grossesses se sont bien déroulées, dans un cadre médical très encadré. Pour utiliser une image un peu « choc », je dirais que traverser une route les yeux bandés ne conduit pas forcément à un accident…cela va dépendre aussi de la fréquentation de la route (gravité de la maladie), de la possibilité que quelqu’un vous tienne la main (encadrement médical)…et un peu du hasard!
- Mais alors, pourquoi certains médecins (médecins généralistes ou gynécologues) conseillent parfois quand même une pilule progestative ? Il existe (y compris chez les médecins) un risque de confusion avec un autre problème : les jeunes femmes (en dehors du cas de l’HTAP) sont parfois sous anticoagulant pour traiter un problème de phlébite ou d’embolie pulmonaire. Lorsqu’il y a un risque de récidive ou de constitution de phlébite (et/ou d’embolie), on déconseille la pilule oestro-progestative et on recommande une pilule progestative pure comme la cerazette. Ce type de contraception peut aussi être recommandé dans le cas d’une HTAP pour se mettre à l’abri d’un risque d’embolie aggravant l’HTAP (surtout si le traitement anticoagulant est faiblement dosé ou difficile à équilibrer). Mais cette contraception est insuffisante dans tous les cas avec le Tracleer.
- Chez les femmes ayant des relations sexuelles régulières, envisager un stérilet (le Mirena est intéressant car il limite le risque hémorragique du fait d’une association avec une hormone d’action locale sur l’utérus) est raisonnable y compris chez les femmes n’ayant jamais eu d’enfant. Sinon, le préservatif reste très recommandé ».